Une défense militaire transformée par un dérèglement climatique
Vagues de chaleur, feux de forêt, inondations, montée des eaux, cyclones et ouragans : le changement climatique s’impose à nous. Guidées par la recherche scientifique, les armées françaises adaptent leur engagement, leurs infrastructures, leurs matériels et leurs personnels à ses multiples impacts. En modifiant la sécurité internationale et les conditions d’engagement des forces armées, le dérèglement climatique pose la question de la résilience et du maintien de leur supériorité opérationnelle.
Pour la Marine nationale comme pour les autres armées, c’est d’ores et déjà une réalité, avec pour effet notamment un élargissement des missions traditionnelles telles que l’exercice de la souveraineté dans les zones économiques exclusives, la protection de la biodiversité et la lutte contre les trafics et les pollutions. De multiples autres impacts sont déjà anticipés, comme l’adaptation des bases navales à la montée des eaux ou la multiplication des opérations de secours humanitaires post-catastrophes naturelles.
Cette vision d’une défense militaire transformée par un dérèglement climatique engendrant de multiples insécurités (économique, sanitaire, alimentaire) est partagée et prise en compte aux niveaux européen et otanien, ce qui se traduit aussi par des stratégies dédiées. Par ailleurs, la coopération pour faire face à cet enjeu global et durable est multiforme, notamment via de nombreux partenariats avec d’autres départements ministériels, la communauté scientifique nationale ainsi que des acteurs privés comme des entreprises.
Quatre axes stratégiques
La stratégie ministérielle climat et défense, adoptée en avril 2022, s’articule autour de quatre axes. Le premier consiste à développer les connaissances et la vision prospective sur les enjeux stratégiques du changement climatique grâce à une collaboration étroite et continue avec les établissements scientifiques, les think tanks, des industriels et d’autres services de l’État. Le deuxième axe consiste à adapter l’outil de défense aux bouleversements prévisibles induits par le changement climatique tandis que le troisième vise à contribuer aux politiques publiques de développement durable à travers notamment des actions en matière de transition énergétique et d’atténuation, de protection de l’environnement et de la biodiversité. Enfin, le quatrième axe vise à renforcer la coopération et les échanges de bonnes pratiques au sein du ministère ainsi qu’aux niveaux national et international, en particulier dans le cadre de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) et de l’Union européenne (UE).
Des actions de sensibilisation et de prospective
Parmi les actions engagées depuis près de deux ans, on peut notamment relever :
- la création et le déploiement d’une fresque climat et défense, outil indispensable pour sensibiliser aux enjeux de défense du changement climatique et à la nécessité d’agir ;
- la cartographie prospective de l’exposition des emprises de défense aux risques naturels à l’horizon 2050 ;
- l’engagement d’une réflexion comparable sur les équipements de défense ;
- l’élaboration d’une réflexion prospective interarmées sur les impacts du changement climatique sur l’emploi des forces à l’horizon 2050.
Quid de la transition écologique et énergétique ?
En matière de défense verte, relative à la contribution des armées aux politiques publiques de développement durable, le ministère met en œuvre plusieurs stratégies spécifiques (protection de la biodiversité, eau, déchets) qui contribuent à sa transition écologique.
Enfin, le ministère poursuit la mise en œuvre de la stratégie énergétique de défense, couvrant l’énergie opérationnelle et non-opérationnelle. Les objectifs sont de préparer et engager le ministère dans la transition énergétique, tout en renforçant la performance et la sécurité énergétiques.